Au tout début, des copies, la première huile sur toile était une copie de Lionel Feininger...puis Picasso, Dali, Rembrandt, Vinci...On est tout jeune, on n'a peur de rien...Errances entre la figuration et l'abstraction, période surréaliste, comme beaucoup, collages, dessins, peintures...puis abstraction linéaire, imbrication cercle/carré, des tableaux reliefs, des dessins hyperréalistes.

 

1985 / 1991: "Ecorces / paysages". Des photos d'écorces d'arbres prises en macro et des images qui s'imposaient comme étant autant d'œuvres abstraites. Voilà une problématique qui m'interpellait et m'interpelle toujours: En quoi une image peut-elle être dite abstraite ? Un ami m'offre un livre: "Synchromies", et c'est le vrai déclic. Evidemment les écrits de Kandinsky appuient aussi mon questionnement. Chaque tableau a été peint selon la technique des maîtres Flamands: huile, térébenthine de Venise, multiples glacis. Pour certains la matérialité a été rendue par des mélanges de poudre de marbre, de sable, de gravier ajoutés à un liant. 

1991 / 1993: Raclettages et autres fusions. Collages, déchirages, empreintes. La lumière et la ligne prennent place. Le second est travaillé à l'acrylique et à l'huile, tissu marouflé sur toile, 120x80cm. 

Intégration d'éléments naturels (série des plantes) , puis viennent les travaux autour de l'écriture (encre, pinceau sur Shi Lu ou Okashi marouflés) et la variation des techniques (dessin à la meuleuse) 

 

 

90. Recouvrements, raclettages, disparition pour mise en valeur...

Parallèlement, écriture automatique, signes.

Peu à peu, épuration, pour arriver à une répétition de graphismes simples, diversement disposés, variantes d'algorithmes.

Et le hasard d'une rencontre à l'angle d'un chemin de terre et d'un trottoir bitumeux arrosés par un pin Autrichien. Retour à la nature, aux arbres, marche arrière, bond en avant. De jour en jour, fidèle au rendez-vous, regard attentif: accumulations, ordonnancements, jeux des pluies, entreprise des vents.

C'était il y a un an.

Mon travail consiste à écrire le temps avec des aiguilles de pin: abécédaires, haïkus et autres alexandrins. Essences différentes, pins maritimes, parasols, noirs, sylvestres, de Weymouth...Collection, étude des proportions. Jeu autour de plein et du vide, qui n'en est jamais un, discrétion ou invasion jusqu'au débordement...

L'intervention, dans ce simulacre d'écriture temporelle ne fait jamais que rendre compte d'un fragile équilibre, rythme régulier ou tachycardie graphique.

Figer l'éphémère, manipuler le pressenti.    94

 

1 - Mandala 1, encre de chine, terre naturelle sur papier découpé marouflé sur bois, 120x120 cm / 2 - 3 - Ensemble de 100 carreaux (céramique) de 10x10 cm, dessin à la disqueuse / 5 - Encre de chine sur papier marouflé sur bois, terre, 50x50 cm / 4 - Détail de la série Haïku, Frottage à la mine de plomb sur Shi Lu / 6 - Photocopies d'épines marouflées sur Kraft et sur bois. 100x100cm.

2003 L'image du toucher, portraits à partir des lignes de la main. Le premier: autoportrait, acrylique et huile sur toile, 120x120 cm, les suivants 100x100.

"Symboliquement, au travers de mes recherches sur les lignes de la main, je m'efforce de prendre le regard au piège de la réalité. Si le rendu fait inévitablement penser à un travail évoquant une certaine abstraction, c'est bien une réalité qui est ici mise en scène. Le graphisme des lignes de la main est la marque d'une diversité : il est différent d'un individu à l'autre, tout comme peu l'être la couleur de la peau. Cette caractéristique est surtout celle d'un genre: le genre humain. Ma peinture est tour à tour évocation, itinéraire de lecture, réflexion sur les ambiguïtés stylistiques. Elle est aussi un va-et-vient entre le regardeur et l'image d'une paume de la main qui tente de le toucher, au propre comme au figuré." 

2007, dernière expo avant la reprise...

C’est solidement campé sur les branches que l’arbre se présente.

Autour du cœur en torsion mis à nu, viennent se greffer, par milliers, des tourillons de différents diamètres. Ils se bousculent, se chevauchent, tentant de rendre au tronc son aspect initial. L’illusion est de la partie, le plein et le vide sont ici en jeu et le doute s’installe. La matière a-t-elle été ôtée ou ajoutée ? Adjonction, suppression ? plutôt glissement, remplacement inéluctable jusqu’à quasi saturation. Peu à peu la forme se crée à nouveau, laissant finalement apparaître, dans une moindre confusion, un semblant de racines-branches aériennes, sortes de surgeons manufacturés. Car  l’enjeu est bien de pointer ici le passage du naturel au culturel. L’inversion symbolique de l’arbre et de sa chair interroge, à l’évidence, le rôle de l’homme face à la nature.